Alors que l’École était en surchauffe thermique en fin d’année scolaire dernière, , la FSU fait partie des organisations, qui dans le cadre de l’Alliance Ecologique et Sociale (AES) ont lancé une campagne pour la rénovation écologique du bâti scolaire public. La période estivale n’a fait que confirmer l’urgence d’apporter des réponses concrètes au dérèglement climatique, un dérèglement qui touche tout le monde mais à toujours plus d’impact sur les moins favorisé et ne fait que renforcer les inégalités scolaires, sociales et territoriales. Le plan de réhabilitation de 40 000 écoles et établissements, annoncé en septembre 2023 par le président de la République, semble avoir été sacrifié sur l’autel de la rigueur budgétaire. La prévention de court et moyen terme est bien souvent ignorée, les protocoles de crise face aux événements climatiques extrêmes restent inaboutis ; quant aux consignes de l’Éducation nationale sur l’adaptation aux vagues de chaleur, elles n’ont pas été mises à jour depuis 2023.
Après des années de coupes budgétaires et de politiques qui renforcent les inégalités sur les territoires, il est temps de considérer que réhabiliter nos bâtiments scolaires c’est construire l’École de demain. Un bâti et un environnement scolaire de qualité font partie intégrante du cadre qui permet au système scolaire d’assurer sa mission première d’émancipation par les savoirs et de construction d’une culture commune. Ajoutons que, Pour la FSU, la rénovation des écoles et des établissements scolaires n’est pas seulement une nécessité écologique, c’est aussi un message aux usagerᐧes et en cela un puissant levier d’éducation et de prise de conscience collective face aux défis climatiques.
Ce qui a échauffé aussi les esprits cet été, au-delà de la température, ce sont les annonces faites par le premier ministre autour du budget : la colère comme les températures, a grimpé tout l’été face à des mesures jugées scandaleuses et du refus des choix politiques menés.
La pétition contre la loi Duplomb, tout d’abord, qui a rassemblé en quelques semaines plus de 2 millions de signataires témoigne d’une sensibilité de l’opinion pour les questions écologiques et de leurs conséquences sur la santé. Le rejet de cette loi, le succès de la pétition et l’invalidation par le Conseil Constitutionnel de l’article sur l’acétamipride ont pesé sur la promulgation partielle de la loi en août.
Ensuite le projet de budget 2026 présenté en juillet par le premier ministre, prévoit un plan d’économie de 44 milliards et confirme une véritable casse sociale dont vont pâtir les plus démuni
es et les services publics. Sous le prétexte de réduire la dette et les déficits publics, le gouvernement veut imposer une austérité budgétaire qui va pénaliser lourdement l’ensemble de la population : taxation des malades, rabotage des droits des chômeursꞏses, gel des prestations sociales, suppression de l’abattement de 10% pour les retraitéꞏes, suppression de deux jours fériés, doublement de la franchise médicale etc. Les coupes budgétaires sont d’autant plus sévères que le projet se refuse à revenir sur les avantages fiscaux bénéficiant aux plus riches et aux grandes entreprises.Un tel budget est un budget qui mettra plus encore en difficulté les services publics, et bien entendu en premier lieu l’école. Comment par exemple mettre fin à la crise de recrutement si l’on ne redonne pas de l’attractivité par une revalorisation salariale urgente et légitime, incompatible avec une nouvelle année blanche sur les salaires des fonctionnaires et le gel du point d’indice 2025 ? Il manque des enseignantᐧes remplaçantᐧes, il manque des personnels administratifs, il manque des personnels de directions, il manque des médecins et infirmierᐧes scolaires, il manque des personnels RASED.
A ces annonces désastreuses qui traduisent un refus de répondre aux vrais besoins sociaux, huit organisations syndicales, dont la FSU, ont tout de suite réagi avec la pétition intersyndicale « Budget Bayrou, c’est non ! », qui a recueilli plus de 360 000 signatures.
Plutôt que de modifier son projet de budget, le gouvernement persiste dans sa volonté de poursuivre l’approche libérale dans laquelle ce sont essentiellement les services publics et les classes moyennes et défavorisées qui servent de variable d’ajustement sociale.
Parallèlement, un appel citoyen, à « tout bloquer le 10 septembre » vient témoigner d’une profonde colère de la population.
Et cette colère n’épargne évidemment pas les personnels de l’Education nationale qui voit la rentrée se présenter presque comme si de rien n’était : c’est à dire comme si tout allait bien, que la politique menée allait dans le bon sens… alors que celle-ci est très largement contestée et rejetée.
Mise en place des nouveaux programmes avec à n’en pas douter la volonté d’un contrôle et d’une mainmise toujours accrus sur l’agir enseignant et comme seule formation des animations pédagogiques formatées en maths et français ; des réunions de directrices et directeurs toujours axés sur le pilotage quand la situation difficile de plus en plus d’écoles nécessiterait plus de collégialité ; des évaluations normatives à tout va, l’école qui se transforme en une machine à évaluer et trier les élèves quand elle devrait être lieu de transmission des savoirs et d’émancipation ; la mise en place de PAS sans qu’aucun bilan, aucune réflexion sur le fonctionnement des PIAL n’ait été réalisés par les professionnels de terrain…
Voilà des éléments qui mettent en colère sur le terrain.
Quelle formation, quelles réponses seront apportées aux directrices et directeurs placéᐧes au carrefour de toutes les conflictualités qui touchent l’école et qui au lieu d’allègements voient leurs missions croitre avec de nouvelles injonctions irréalistes tant sur le fond que sur la forme ? Quelle formation, quelles réponses seront apportées aux enseignant-es qui doivent faire face seuls à des situations de plus en plus critiques, dans des classes multiniveaux parfois surchargées, qui perdent le sens de leur métier ? Quelle formation ; quelles réponses seront apportées à des AESH privées des moyens de faire leur métier et qui de surcroît, à rebours d’améliorer leurs conditions de travail si précaires, on déplace comme des pions, sans aucune écoute et considération dans notre département.
Voilà des considérations qui mettent en colère sur le terrain.
Malgré un P/E le plus haut de l’académie, comme vous allez sans aucun doute nous le rappeler, les conditions d’apprentissage des élèves et de travail des personnels se détériorent de rentrée en rentrée. Et ce n’est pas une vue de l’esprit. Citons le journal Le Monde : “Le quotidien des 11,8 millions d’élèves et du million de personnels éducatifs qui font leur rentrée lundi 1er septembre, est jalonné d’histoires de « manques de moyens » qui témoignent d’une inadéquation persistante entre les besoins du système éducatif et les financements qui lui sont alloués.”
Dans le second degré, après un été encore et toujours placé sous le signe de l’angoisse et de l’incompréhension pour de nombreux bacheliers en attente des réponses de Parcoursup, toujours aucune perspective d’abandon d’un processus qui n’a fait la preuve que d’une seule chose : celle de sa capacité à maltraiter d’une part et à fermer des portes ; quand l’entêtement est de mise à ce point, c’est qu’il s’agit bien d’une posture idéologique. Il en est de même pour le baccalauréat qui a fait l’objet d’annonces la veille de la rentrée avec la volonté de cadrer plus encore un contrôle continu, qui lui aussi à fait la preuve qu’il posait bien plus de problème que de solution : au-lieu de définitivement envoyer le bac Blanquer aux oubliettes tant il pose de problème (dans son esprit, sa mise en œuvre pédagogique, son calendrier, ses effets délétères), la ministre ajoute un nouveau bricolage, qui l’air de rien est aussi une nouvelle attaque contre le geste professionnel des enseignants.
Voilà qui va continuer d’attiser la colère.
Mais au-delà de la colère, il y a l’incompréhension, la frustration, une forme de désespérance face au travail empêché.
Parce qu’il n’est pas possible de continuer ainsi, parce qu’il est urgent d’en finir avec les sacrifices du monde du travail,à l’appel de la CFDT, CGT, CGT-FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, FSU, SOLIDAIRES, le 18 septembre prochain sera une journée de grève et de mobilisations. L’Education mérite mieux qu’un budget d’austérité ; l’Education mérite de l’ambition ; c’est une urgence, et cela appelle une autre politique